Aujourd’hui, le facteur humain est un élément essentiel au sein de l’entreprise. Or, une mauvaise gestion de ce facteur humain entraine stress, absentéisme, turn over, ambiance dégradée…  C’est ensuite toute la productivité des salariés et de l’entreprise qui est affectée. Cela représente un coût important pour les entreprises.

En 2013, celui-ci a été estimé à 20 milliards d’€ en Europe et 3 milliards d’€ en France.

L’ergonomie fait aujourd’hui partie intégrante des conditions de bien-être des collaborateurs et de productivité au travail. Toutefois, elle fait encore peur aux dirigeants qui l’associent souvent à investissements couteux et ouverture de boite de Pandore …

L’objectif de cet article est de vous montrer qu’une intervention ergonomique apporte de nombreux effets positifs. En effet, on peut citer l’amélioration de la qualité de vie au travail des salariés, l’augmentation de la performance organisationnelle, de la productivité du personnel …

De plus, à travers des exemples concrets vous verrez que ces effets se traduisent à terme par un ROI non négligeable.

ROI = Return on Investment en anglais ou Retour sur Investissement en français

Le cout de l’inaction

Quand la Direction d’une entreprise mésestime les conditions de travail de ses salariés, cela se traduit par un vrai manque de motivation, d’efficacité, d’engagement. Sans parler des opérateurs dont l’équipement de travail n’est pas approprié qui souffrent de douleurs ou de maladies tels que les TMS.

En effet, il faut savoir par exemple que :

  • Plus de 600 millions de jours de travail sont perdus chaque année en Europe, en raison de problèmes de santé liés au travail. C’est 22 millions pour la France.
  • Environ 40 à 50 % de ces problèmes concernent des troubles musculo-squelettiques (TMS), selon l’Agence Européenne pour la Sécurité et la Santé au Travail.
  • 44 millions de salariés européens souffrent de maux de dos en raison de problèmes de santé liés au travail.
  • Chaque année, les TMS coûtent 2 milliards d’€ aux entreprises françaises.
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Source : Ameli

Au-delà de l’inconfort et de la douleur éprouvés par les salariés, ce ressenti physique se reflète sur leur moral et leur bien-être psychique. Ainsi, les entreprises enregistrent des absences répétées. L’impact des arrêts maladie cumulés et d’une perte de productivité globale se répercutent sur leur chiffre d’affaires, mais aussi sur leurs résultats et la satisfaction de leurs clients.

On comprendrait alors aisément l’attention qu’un dirigeant voudrait porter à l’ergonomie. Indispensable s’il désire améliorer la rentabilité de son entreprise ainsi que la productivité de ses salariés.

En effet, il est tout aussi essentiel pour une entreprise d’investir dans du matériel ergonomique de qualité que dans de nouvelles machines, un logiciel de paie ou de la publicité. Car à terme, en diminuant le nombre de jours d’arrêt pour maladie, en diminuant les frais médicaux, les dépenses des travailleurs intérimaires, l’entreprise réalise des économies financières substantielles.

Les coûts directs

Voici par exemple, selon la CPAM, les coûts directs d’une maladie professionnelle :

  • canal carpien (le plus répandu) : 12 780 € et un arrêt de 151 jours.
  • épaule : 17 000 € et un arrêt de 220 jours.
  • tendinite de la coiffe des rotateurs : 52 759 € et un arrêt de 298 jours.
  • épicondylite : 18 220 € et un arrêt de 195 jours.

Selon l’Anact (Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail), les coûts directs seraient estimés entre 100 et 500 € par an et par salarié victime ou non de TMS. Les coûts indirects, liés aux répercussions de l’absentéisme d’un salarié atteint de TMS, représenteraient entre 2 et 7 fois les coûts directs (200 à 3 500 € par an et par salarié).

Pour l’entreprise, il s’agit des coûts :

  • de remplacement : paiement des heures supplémentaires, remplacement des salariés absents, formation du remplaçant, sureffectif pour faire face à l’absentéisme.
  • de gestion : gestion administrative et des RH de l’absence et du remplacement du salarié.
  • liés aux dysfonctionnements organisationnels : interruption de l’activité, baisse qualitative et quantitative de production, dépenses liées aux rappels de produits, à la garantie, les rebuts …
  • d’image : insatisfaction des clients suite à la perte de qualité, retard dans les livraisons, etc.
  • sociaux : détérioration du climat social, report de la charge de travail sur les salariés présents, risque accru d’accidents …

Sans parler des coûts stratégiques, liés aux ressources à mobiliser pour rester concurrentiel, plus difficilement calculables. Ils représenteraient 10 à 30 fois les coûts directs + les coûts indirects, soit entre 1 000 € et 3 500 € par an et par salarié.

En quoi consiste une intervention ergonomique ?

Une intervention ergonomique consiste à analyser une situation réelle de travail afin de la transformer de manière à réduire les risques professionnels à leur plus bas niveau, voire à les supprimer.

C’est pourquoi, l’ergonomie s’attache à la complexité du travail dans toutes ses dimensions : biomécanique, physiologique, psychologique, cognitive, technologique, sociologique et organisationnelle.

Ergonomie-differentes-dimensions-physiologie-psychologie-sociologie-informatique
Source : UFR Sciences Fondamentales et Biomédicales

En renforçant la sécurité et la santé au travail, en transformant l’organisation du travail, en favorisant le confort et le bien-être au travail, l’ergonome améliore les conditions de travail du salarié pour le rendre plus motivé, efficace et productif.

Autrement dit, il s’agit de fournir aux travailleurs tout ce dont ils ont besoin pour mener à bien leurs missions dans des conditions optimales.

On comprend donc qu’un équipement de qualité (chaises de bureau, tapis antifatigue, bureaux assis-debout) ait un impact sur le ROI. D’une part, l’entreprise enregistre moins d’absences liées aux maladies et, d’autre part, la productivité est améliorée. Toute entreprise prêtant attention au bien-être de ses salariés bénéficie d’une meilleure productivité.

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Ainsi, en prenant en compte les besoins de leurs collaborateurs, les entreprises sont récompensées avec un ROI important.

C’est pourquoi pour rester dans la course, les industries doivent être les meilleures dans leur domaine. Et cela peut passer par une intervention ergonomique.

Or le coût économique est souvent le frein majeur à la prise d’initiative des dirigeants.

L’enjeu est donc de concilier les exigences quantitatives des chefs d’entreprise (rentabilité, baisse de coûts etc…) avec les démarches qualitatives de l’ergonome.

Ergonome-clients-intervention

Qu’est ce que le ROI ?

Définition du ROI

ROI signifie « Return On Investment ». Appelé en français Retour Sur Investissement (RSI), le ROI est le ratio permettant d’évaluer la somme financière perdue ou récupérée à la suite d’un investissement.

ROI (%) = (Revenus procurés par l’investissement – Investissement) ÷ Investissement

Pour améliorer le ROI, il convient :

  • à investissement constant d’augmenter les revenus
  • à revenus constants de réduire l’investissement.

L’ergonomie permet justement de gagner sur les deux tableaux.

10 exemples aux USA

Plusieurs études ont chiffré l’impact financier de la mise en œuvre d’une bonne approche en matière de santé et de sécurité au travail.

Dans le domaine industriel

Voici des exemples issus des travaux de Donald S. Bloswick, Professeur au Département de génie mécanique de l’Université de l’Utah, Salt Lake City, Utah, États-Unis :

  • Dans son usine d’assemblage d’hélicoptères, Sikorsky a noté une baisse de 75 % des taux d’incidents et de gravité des journées de travail perdues. Une baisse de 25 % des incidents a également été observée. Elle est survenue après la mise en place d’une formation en ergonomie et d’analyses de postes .
  • La société General Seating a réduit de 70 % les journées de travail perdues et a augmenté sa productivité. Elle a proposé une formation à l’ergonomie, la rotation et l’aménagement des postes de travail.
  • À Hawaii, Pepsico a mis en place un programme d’ergonomie. Il comprenait de la formation, des exercices, une analyse/redéfinition des tâches, de l’équipement et l’embauche d’un ergonome. Cela a permis de réduire le nombre de lombalgies de 15 à 4 cas en un an.
  • La société Red Wing Shoes a mis en place une formation à l’ergonomie. Un travail sur le conditionnement a également été entrepris. Des étirements, la fourniture de chaises réglables et la modification d’équipements ont permis de réduire les coûts d’indemnisation des travailleurs. Ils sont passés de 4,4 millions de $ à environ 1,3 million de $ en 5 ans. Elle a également réduit le temps de fabrication.
  • Dans l’usine de John Deere à Dubuque, un programme complet d’ergonomie a permis de réduire de 60 % les blessures dues aux mouvements répétitifs.
  • Chez AT&T, un investissement de 373 000 $ en équipement et en modification des équipements existants a entraîné une diminution de 80 % des coûts d’indemnisation des travailleurs de 400 000 $.

Dans le tertiaire

  • La société Sun Microsystems a vu son coût moyen lié aux déclarations de TMS chuter de 12 000 $ à 2 500 $ en 10 ans. Elle a renouvelé ses sièges de bureau et proposé des équipements réglables. L’entreprise a également proposé une formation à ses employés et effectué des évaluations des postes de travail.
  • Siemens a constaté que 43% des employés de son siège social se plaignaient de douleurs aux épaules, au dos, aux coudes et aux doigts. Environ 3600 $ ont été investis dans des supports lombaires, des repose-poignets pour clavier et souris et des porte-documents. Les employés ont été formés aux étirements et encouragés à prendre fréquemment de courtes pauses. Deux ans après la mise en œuvre de ce programme, Siemens n’avait toujours pas eu de plainte liée aux TMS.

Des exemples en France

En France, l’Organisme Professionnel de Prévention du Bâtiment et des Travaux Publics (OPPBTP) a réalisé une étude intitulée « Une approche économique de la prévention« . Elle s’est appuyée sur 101 cas. Elle montre que les actions menées en faveur de la prévention et de l’amélioration des conditions de travail sont en réalité des facteurs économiques positifs pour l’entreprise.

En synthèse, les résultats sont les suivants :

  • La prévention peut générer des gains nets de performance.
  • Pour 1€ investi, le ROI ou retour sur investissement s’élève en moyenne à 2,19 € soit un rendement de 2,19.
  • Les TPE obtiennent le meilleur rendement moyen : 3,11.
  • 1/4 des actions coûte moins de 5000 €. Elles ont un rendement 10 fois supérieur à la moyenne.
  • La durée moyenne d’amortissement est de 1,5 année.

On voit bien à travers ces éléments que des postes et des processus de travail ergonomiques constituent les conditions essentielles du bien-être des travailleurs et de leur productivité.

Conclusion

La question du retour sur investissement est souvent posée par les chefs d’entreprise dans le cas de prestations en ergonomie.

En effet, si le coût d’un ergonome est facilement chiffrable, le coût de sa « non-intervention » est lui plus difficilement évaluable.

L’intervention d’un ergonome dépendra donc avant tout du chef d’entreprise et de ses attentes de la prestation. Dans certains cas, il s’agit d’aménager un poste pour un salarié souffrant de douleurs au travail. Parfois cela concerne l’amélioration des conditions de travail et le bien-être de l’ensemble des collaborateurs. Quelle que soit la raison pour laquelle l’ergonome est sollicité, cette démarche arrive généralement quand le problème est déjà installé.

L’idéal serait donc d’adopter une démarche préventive, proactive, afin que le professionnel puisse intervenir bien avant la survenance du problème.

Malgré le coût économique d’une démarche ergonomique, celle-ci peut avoir à terme un réel impact sur la vie d’une entreprise tant sur le plan économique que social.

Faire appel à un ergonome s’avère donc un vrai choix stratégique pour l’entreprise.

Je vous remercie d’avoir lu cet article un peu technique. J’attends toutes vos questions et vos commentaires sur ce sujet.

Je vous dis à bientôt, et bonne ergo !! 👋

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Mélanie Brout - Ergonome
Mélanie Brout