femme de chambre passant l'aspirateur

Comment améliorer concrètement les conditions de travail des femmes de chambre dans l’hôtellerie ?

Dans un pays touristique comme la France, le secteur de l’hôtellerie emploie environ 200 000 salariés dans plus de 21 000 établissements.

Le métier de femme de chambre consiste à garantir la propreté, l’ordre et le confort des chambres, des sanitaires et des parties communes, à partir de consignes de travail et du planning journalier.

Selon qu’il s’agisse d’un petit hôtel ou d’un palace, la femme de chambre peut assurer des tâches variées. Cela va de la préparation et le service du petit-déjeuner, à l’entretien d’une partie du linge, en passant par le réassortiment des minibars des chambres.

Pour attirer davantage de clients et demeurer compétitif, le secteur de l’hôtellerie met l’accent sur une propreté irréprochable. Toutefois, cela impose au personnel d’entretien des contraintes posturales importantes : en s’agenouillant, en se penchant, en s’accroupissant et en s’étirant avec les bras en élévation.

Les femmes de chambre sont ainsi soumises à une fréquence importante d’accidents du travail. Nous allons voir dans cet article comment améliorer concrètement les conditions de travail de cette profession, à la fois à travers les moyens matériels mais également organisationnels.

Pourquoi améliorer les conditions de travail des femmes de chambre ?

Des indicateurs tels le fort taux d’absentéisme ainsi qu’un turn-over élevé montrent qu’au-delà du travail physique contraignant de l’entretien des locaux, la démotivation et la dévalorisation liées à une profession à faible qualification génèrent des risques psychologiques importants.

Les chiffres les plus significatifs concernant l’accidentologie et les Maladies Professionnelles (MP) dans ce secteur d’activité. Selon l’INRS :

  • 98% des Maladies Professionnelles sont des TMS (Troubles Musculo-Squelettiques).
  • 42 % des Accidents du Travail (AT) sont liés à des manutentions manuelles.
  • 39% des Accidents du Travail sont liés à des chutes de plain-pied ou de hauteur.
  • 11% des Accidents du Travail sont liés à l’utilisation d’outillage à main.

Au total, plus de 215 000 journées ont été perdues en 2015 à la suite de maladies professionnelles ou d‘accidents du travail.

Il apparait donc important d’agir sur certaines dimensions des situations de travail. Cela d’autant plus que la réduction des contraintes dans ce travail permet d’améliorer la qualité du service rendu, la motivation du personnel et donc la performance globale.

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Les principaux risques professionnels dans l’hôtellerie et les solutions à mettre en œuvre

Les principaux risques professionnels des femmes de chambre sont de 3 types :

  • physiques du fait de gestes répétitifs, de postures contraignantes, de manutention de charges, de risques de chutes,
  • chimiques en lien avec la manipulation de produits d’entretien,
  • psychologiques (violences externes) en raison du contact avec la clientèle.

 Les risques physiques

La réfection des lits

La réfection des lits engendre des gestes répétitifs et des postures contraignantes. Il s’agit de la posture dos penché en avant, posture agenouillée, bras en extension.

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  • La fourniture de lève-lit. Il s’agit d’un système mécanique posé sous le lit. Il permet à la femme de chambre de surélever le lit à l’aide d’une pédale ou d’une télécommande, afin de refaire le lit à bonne hauteur sans avoir à se baisser. Cela est permet également de faciliter les opérations de nettoyage sous le lit.
  • Il a été démontré que faire un lit à deux est beaucoup moins stressant pour le corps. De plus cela ne nécessite pas plus d’employés.
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Le nettoyage des sols et des salles de bains

Le nettoyage des sols et des salles de bains génère des Troubles Musculo-Squelettiques (TMS). Cela concerne notamment les membres supérieurs (poignet, épaule, coude) et les genoux (travail en position agenouillée).

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Ces TMS sont aggravés par des facteurs liés à l’organisation du travail. On peut citer par exemple les horaires atypiques, les cadences soutenues, les temps de pause parfois réduits, le stress …

  • Dans les salles de bain, libérer l’espace au sol facilite le passage de la serpillière.
  • Des matériaux lisses et peu salissants facilitent le nettoyage.
  • Il est également possible d’opter pour des outils ergonomiques de nettoyage. Il s’agit notamment des balais avec réservoir intégré. Ils suppriment la présence de serpillère et le port du seau, ou des manches télescopiques qui suppriment l’élévation des bras.
  • Des étagères facilement accessibles suppriment le travail avec les bras en élévation.

La manutention manuelle de charges

La manutention manuelle de charges entraine des risques d’affections chroniques du rachis lombaire. Cela concerne le port de linge lourd, des poubelles, du matériel de nettoyage et du déplacement des meubles.

  • L’usage de chaînette pour bloquer la porte en position ouverte, supprime l’obligation de s’accroupir.
  • Il est conseillé de remplacer la literie avec des matelas plus légers.
  • L’adoption d’un système d’évacuation du linge sale vers la buanderie ou d’approvisionnement en linge propre réduit la manutention manuelle de charges.
  • Il convient de sélectionner des aspirateurs moins lourds et plus maniables, mais out aussi performants.
  • Le mobilier, les postes de télévision, encombrants et difficiles à déplacer, peuvent être remplacés par des écrans fixés au mur, du mobilier muni de roulettes…
  • Le choix peut se porter sur des chariots de ménage strictement adaptés aux besoins. A l’idéal ils présentent des roulettes spécifiques selon les surfaces de sol.
  • Des plinthes de forme arrondie exigent moins d’époussetage.
  • Le nettoyage de la moquette nécessite d’utiliser plus de forces que le parquet en bois. C’est également le cas du passage et du roulage des rolls et des chariots.
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La chute de plain-pied

Les chutes de plain-pied lors de la circulation dans les locaux (glissade sur sols mouillés, heurt avec des objets, passage de l’aspirateur dans les escaliers) sont fréquentes.

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C’est également le cas de la chute de hauteur (nettoyage des vitres ou des miroirs), .

  • L’utilisation de manches télescopiques réduit voire supprime les contraintes posturales. En effet, ils limitent la posture avec les bras en élévation pour le passage des plumeaux en hauteur ou la posture dos penché pour le passage du balai.
  • La mise en place d’une aspiration centralisée réduit les chutes liées au fil de l’aspirateur.
  • Pour limiter les distances à parcourir avec les chariots, il convient de repenser l’emplacement de la lingerie et des offices par rapport aux ascenseurs et à l’ensemble des chambres .
  • La largeur des couloirs, des portes et des ascenseurs doit permettre la circulation aisée des chariots.

Les risques chimiques

Les risques chimiques sont générés par l’utilisation de détergents et produits d’entretien divers et spécifiques :

  • Détergents pour débarrasser les surfaces (sols, murs, baignoires, lavabos…) de toutes souillures visibles
  • Produits de protection des sols (résines, cires, émulsions lustrantes ou brillantes, …)
  • Nettoyant pour vitres,
  • Détartrant pour WC, désodorisants, dépoussiérants, lustrants pour le mobilier,
  • Agents chlorés (eau de Javel…) pour la désinfection des surfaces.
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Ces produits utilisent souvent des composants chimiques agressifs susceptibles de générer des intoxications par inhalation ou absorption, des brûlures cutanées ou oculaires. De plus, certains détergents détruisent le film lipidique protecteur cutané. Par conséquent, ils sont des irritants pour la peau avec un pouvoir plus ou moins irritant et allergène (eczéma, asthme…).

  • Il convient de remplacer au maximum les produits dangereux par des produits qui le sont moins. Il est également conseillé d’utiliser des vaporisateurs à pistolet qui limitent les projections de produits.
  • En cas de transvasement de produits, il faut veiller à multiplier les étiquettes sur chaque contenant.
  • Il est indispensable de ne pas laisser ouverts les récipients ni de laisser traîner les chiffons salis ou les emballages vides.
  • Le stockage des produits doit être effectué par catégorie dans les locaux prévus à cet effet, correctement ventilé et fermant à clé.
  • Le port des Equipements de Protection Individuels (EPI) sont indispensables : vêtements de travail (blouse), gants de protection, chaussures à semelles anti-dérapantes.

Les risques psychologiques

Le relatif isolement des femmes de chambre dans les locaux de l’établissement, le contact avec la clientèle avec le manque de considération éventuellement associé, peuvent générer des risques de violences externes, physiques ou verbales : remarques méprisantes, voire racistes, comportements inappropriés …

  • La formation apparait alors comme un apport de compétences techniques, mais également un facteur de valorisation professionnelle et personnelle, une marque de reconnaissance de la part de la hiérarchie. A travers une meilleure estime de soi-même et des autres, la formation améliore le sentiment d’appartenance, la motivation et par conséquent la qualité des prestations.

Parmi les formations proposées, on peut citer :

– la formation à la Prévention des Risques liés à l’Activité Physique (PRAP);

– la formation à la gestion du stress professionnel ;

– la prise en charge du personnel confronté à la violence.

Conclusion

La prévention des risques professionnels dans l’hôtellerie passe donc non seulement par l’utilisation de matériels ergonomiques de nettoyage, par des aménagements des chambres, mais aussi par une valorisation et une reconnaissance du travail effectué à travers des formations qualifiantes.

Au-delà de la diminution des cotisations AT/MP (Accidents du Travail et Maladies Professionnelles), ces mesures de prévention sont également pour l’employeur un moyen de lutter contre l’absentéisme, d’améliorer la qualité de service auprès de la clientèle, de fidéliser le personnel hôtelier et de pallier les difficultés de recrutement de cette profession.

Je vous remercie d’avoir lu cet article jusqu’au bout et attends vos commentaires avec impatience.

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2 Responses

    • Merci pour ton commentaire Carole. J’espère en effet, c’est un des objectifs, et pourquoi pas sensibiliser les clients au travail des femmes de l’ombre.

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Mélanie Brout - Ergonome
Mélanie Brout