5 bonnes raisons d’investir dans l’ergonomie

La nouvelle année est là ! Et avec elle, son lot de bonnes résolutions.

Et si pour une fois, au lieu de rédiger une liste exhaustive d’objectifs, écrite chaque nouvelle année mais que vous ne tenez pas, vous vous fixiez un seul objectif. Une seule résolution, mais une bonne. Cette année c’est décidé, j’améliore les conditions de travail de mes salariés (et pourquoi pas les vôtres ?) grâce à l’ergonomie.

Je m’explique. Et comme c’est le début d’année. Les fêtes ne sont pas encore très loin, alors on va se un peu dérouiller les neurones. Ok, donc l’ergonomie, c’est quoi ? ça sert à quoi ?

Qu’est-ce que l’ergonomie ?

L’ergonomie est une discipline qui étudie les interactions entre les individus et leur environnement de travail. Le but est de concevoir des objets, des outils, des espaces de travail et des interfaces pour qu’ils soient adaptés aux caractéristiques physiques et cognitives de leurs utilisateurs. Ce qui est ergonomique, c’est ce qui est adapté à son utilisateur.

L’ergonomie vise également à optimiser le confort, l’efficacité et la sécurité des personnes dans leur environnement de travail, qu’il s’agisse d’un poste de bureau, d’une chaîne de production industrielle ou encore d’un site web.

Nous allons voir ensemble 5 bonnes raisons d’investir dans l’ergonomie et d’améliorer les conditions de travail de vos salariés. Et pourquoi pas d’améliorer les vôtres ?

En quoi est-ce important ? Et surtout, qu’ai-je à gagner en tant que chef d’entreprise à m’intéresser à l’ergonomie au travail ?

Les 5 principales raisons d’améliorer les conditions de travail de ses salariés.

• Pour respecter la réglementation. En effet, l’article L4121-1 du Code du travail fait obligation à l’employeur d’assurer la sécurité et de protéger la santé physique et mentale de ses salariés. Cette obligation s’étend à la prévention des risques professionnels.
• Pour faire des économies. En effet en investissant dans l’aménagement des postes de travail, dans l’achat d’outils et d’équipements de travail adaptés aux caractéristiques physiques et cognitives des salariés, une entreprise peut réduire le taux de ses cotisations AT/MP et récolter les fruits de ses investissements (ROI) au bout de quelques mois.
• Pour fidéliser mes salariés. En créant un environnement de travail agréable et adapté aux besoins des salariés, on peut contribuer à accroitre leur confort, leur bien-être, leur satisfaction au travail. On fait ainsi baisser le turn-over.
• Pour augmenter l’efficacité de mes salariés. En proposant des outils et des équipements de travail ergonomiques et facilement accessibles, on peut rendre le travail plus rapide et plus facile. Ca rend les salariés plus efficaces et donc plus productifs.
• Pour améliorer l’image de mon entreprise. En améliorant les conditions de travail de ses salariés, l’entreprise agit positivement sur la perception que ses collaborateurs en ont. L’image de l’entreprise se voit ainsi renforcée, et son attractivité accrue. En somme, améliorer les conditions de travail est bénéfique pour les salariés, pour l’entreprise et pour ses clients.

En quoi l’ergonomie permet de respecter la réglementation ?

Nous l’avons vu, l’article L4121-1 du Code du travail oblige chaque employeur à préserver la sécurité ainsi que la santé physique et mentale de ses salariés. L’article insiste également sur l’obligation pour les entreprises d’adapter les postes de travail aux nécessités physiologiques et psychologiques de leurs salariés. Cela implique donc de prendre en compte l’ergonomie des espaces, des environnements et des outils de travail pour protéger la santé et la sécurité de leurs employés.

Pour cela, le chef d’entreprise ou l’un de ses services (Santé au Travail, Ressources Humaines ou QHSE) peut faire appel à un expert de l’analyse des situations de travail. Le plus souvent, pour étudier l’ergonomie des postes de travail, on fait appel à un … ergonome. On peut également s’adresser à un Intervenant en Prévention des Risques Professionnels (IPRP) ou un conseiller en prévention.

En analysant les contraintes liées au travail, l’expert identifie notamment les mouvements répétitifs et les postures contraignantes. Il est ainsi capable de transformer le travail pour réduire les risques de Troubles Musculo-Squelettiques (TMS), tels que les douleurs au dos, aux épaules ou aux poignets, qui sont fréquentes dans certains métiers physiques.

En comprenant les exigences de chaque tâche et de chaque situation de travail, il est possible également de repérer les risques professionnels potentiels liés à la tâche. Cela peut être les risques de chute, de manutention d’objets lourds ou d’exposition à des produits chimiques. En contrôlant la sécurité des outils et des équipements de travail, l’ergonome contribue à réduire les risques d’accidents du travail (AT) et de maladies professionnelles (MP).

Il étudie également l’environnement de travail. C’est-à-dire l’éclairage, le bruit, la température, pour prévenir la fatigue ou tout ce qui peut entraîner des conséquences néfastes sur la santé et la sécurité.

Enfin, en veillant à préserver la santé mentale des salariés, l’ergonomie permet de résoudre des situations de travail relationnelles ou organisationnelles problématiques (conflits, tensions, mauvaise organisation du travail) sources de Risques Psycho-Sociaux (RPS).

En quoi l’ergonomie permet de faire des économies ?

Selon l’INRS, 8 français sur 10 ont déjà souffert d’un poste de travail inadapté. En aménageant les postes de travail, en veillant à ce qu’ils soient adaptés aux exigences physiologiques et psychologiques des salariés (modifier un poste de travail trop haut ou réhausser la saisie de produits au sol, simplifier un standard d’assemblage de pièces), en organisant une rotation des postes ou en développant la polyvalence des salariés … l’ergonomie rend le travail moins pénible et réduit les risques de TMS ainsi que les RPS à l’origine d’absences au travail.

Notons qu’en 2021, la moitié des entreprises interrogées a été confrontée à un arrêt maladie dans le cadre de RPS (burn-out, stress, dépression).

Source : Baromètre des accidents du travail et des maladies professionnelles 2021, BDO France.

De plus, 85% des maladies professionnelles sont dues à des TMS. Il faut savoir également que la durée moyenne des arrêts de travail causés par des lombalgies est de deux mois. La durée moyenne des arrêts des lombalgies reconnues en maladies professionnelles est d’un an. Leur coût moyen avoisine les 44 000 euros.

Source : INRS, 2018.

Ainsi, en réduisant le nombre d’arrêts maladie liés aux TMS, aux accidents du travail (AT) ou aux maladies professionnelles (MP), l’ergonomie fait baisser le taux de cotisations AT/ MP d’une entreprise ainsi que le taux d’absentéisme et tous les coûts indirects associés tels que :

• Coûts de gestion : gestion de l’absence et du remplacement du salarié (salaire, formation et intégration du remplaçant)
• Coûts de perte de productivité : interruption de l’activité, désorganisation du service, réorganisation et baisse de qualité
• Coûts sociaux : détérioration du climat social, baisse de motivation des salariés présents, augmentation du taux d’absentéisme, risque d’accident de travail et de turnover
• Coûts d’image : insatisfaction des clients (baisse de qualité, retour de marchandise, délais allongés,…)

Rappelons que selon « le coût caché de l’absentéisme au travail » (Institut Sapien, Nov. 2018), le coût moyen de l’absentéisme est de 4 059€ par an et par salarié.

Parallèlement, il faut bien reconnaitre que l’amélioration des conditions de travail peut parfois nécessiter des investissements non négligeables. Toutefois, une étude intitulée « Une approche économique de la prévention » réalisée par l’Organisme Professionnel de Prévention du Bâtiment et des Travaux Publics (OPPBTP) a montré que pour 1€ investi dans la prévention des risques professionnels, le ROI ou retour sur investissement s’élève en moyenne à 2,19 € avec une durée moyenne d’amortissement de 1,5 année. Pour plus d’informations concernant la relation entre ergonomie et ROI, je vous invite à lire cet article que vous trouverez sur mon blog.

Bref, toutes les études montrent qu’un chef d’entreprise a tout à gagner à améliorer les conditions de travail de ses salariés.

En quoi l’ergonomie permet de fidéliser les salariés ?

L’ergonomie contribue à fidéliser les salariés d’une entreprise de différentes manières.

En proposant des conditions de travail agréables et adaptées aux besoins des employés, une entreprise attire et retient les meilleurs talents sur le marché du travail.

En proposant des postes de travail et des outils de travail adaptés aux caractéristiques physiques et cognitives des salariés, l’ergonomie contribue à réduire les risques de TMS et de fatigue. Et donc à améliorer le bien-être et la satisfaction des salariés au travail. Quand les conditions de réalisation du travail sont plus faciles et moins pénibles, cela peut également concourir à réduire le turnover (ou taux de rotation du personnel) au sein de l’entreprise.

En créant un environnement de travail confortable et stimulant, l’ergonomie permet d’accroitre la motivation des salariés, de renforcer leur engagement et leur sentiment d’appartenance à l’entreprise. L’ergonomie contribue ainsi à créer une ambiance de travail positive et incite les salariés à rester plus longtemps dans l’entreprise.

En quoi l’ergonomie augmente l’efficacité des salariés ?

L’ergonomie augmente l’efficacité des salariés de différentes façons :

• En proposant des outils et des équipements de travail ergonomiques, l’ergonomie rend le travail plus rapide et plus efficace. On comprend aisément qu’un salarié souffrant de maux de dos, du poignet ou des épaules ne travaillera pas de manière optimale. A terme, cela représente un coût non négligeable pour l’entreprise.
• En prenant en compte les besoins et les préférences des salariés dans la conception des interfaces, des logiciels et des systèmes de travail, l’ergonomie facilite l’apprentissage et l’utilisation de ces outils.
• En créant un environnement de travail agréable et adapté aux besoins des salariés, nous avons vu que l’ergonomie permet d’accroitre leur motivation, de renforcer leur engagement et donc leur productivité.
• En agissant sur l’organisation du travail, la communication et les relations entre collègues, l’ergonomie met en place une organisation soutenante et apprenante. Cela a un impact positif sur la satisfaction au travail des salariés et leur efficacité.

En quoi l’ergonomie améliore l’image d’une entreprise ?

En améliorant la Qualité de Vie et les Conditions de Travail (QVCT), et en proposant des espaces de travail ergonomiques et confortables, une entreprise montre qu’elle se soucie du bien-être de ses employés et de leur santé.

Une entreprise qui accorde de l’importance à l’ergonomie de ses espaces et de ses outils de travail renforce son image de professionnalisme et de modernité auprès de ses clients et de ses partenaires. En effectuant des actions simples comme la réorganisation fonctionnelle de ses bureaux, la mise en place d’espaces dédiés (concentration, collaboration, convivialité, détente …) ou encore l’achat de matériel ergonomique, l’entreprise valorise ainsi la crédibilité de ses engagements en termes de QVCT et de responsabilité sociale et environnementale (RSE) auprès de ses collaborateurs et de ses clients.

Comment se passe une étude ergonomique d’une situation de travail ?

Le métier d’ergonome est assez récent et on l’associe souvent à tort à celui de designer ou d’architecte. Or nous avons vu que l’ergonomie et l’analyse des postes de travail sont des enjeux essentiels pour toute entreprise qui souhaite améliorer les conditions de travail de ses salariés.

Les 5 étapes pour réaliser une étude ergonomique

1. Définir les objectifs de l’étude : il est important de déterminer les raisons pour lesquelles vous souhaitez réaliser une étude ergonomique ainsi que les résultats que vous espérez obtenir. Par exemple s’agit-il de solutionner un problème ? L’apparition de TMS ou de RPS dans un service ? La survenue d’accidents du travail sur un poste en particulier ? Des retours concernant une dégradation de la qualité d’un produit ?
2. Collecter les données : il est nécessaire de recueillir des informations sur les tâches et les activités réalisées dans la situation de travail, sur les équipements et les outils utilisés, sur les postures et les mouvements effectués, etc. Pour cela, l’expert en analyse du travail (un ergonome la plupart du temps, interne ou externe à l’entreprise) observe minutieusement chaque poste et identifie les risques professionnels qui y sont associés. Il procède également à des entretiens individuels avec les opérateurs afin d’avoir accès aux représentations mentales des travailleurs.
3. Analyser les données recueillies : cela consiste à examiner les données collectées et à repérer les contraintes observées, les points de tension ou de douleur potentiels, les risques de troubles musculosquelettiques, etc. L’objectif de cette phase est d’identifier les déterminants, les causes à l’origine des contraintes relevées pour pouvoir agis sur ces dernières.
4. Proposer des pistes d’amélioration : en fonction des résultats de l’analyse et des référentiels ergonomiques, il faut élaborer des solutions pour aménager les situations de travail et ainsi réduire les risques professionnels. Ces solutions peuvent s’avérer d’ordre technique, organisationnel ou humain. Elles peuvent intervenir à différents niveaux : achat de matériel ergonomique, réorganisation des tâches, sensibilisation ou formation des salariés …
5. Évaluer les résultats : il est important de mesurer régulièrement et de suivre l’impact des modifications apportées et de vérifier si les objectifs de l’étude ont été atteints.

Nous l’avons vu, l’ergonomie contribue à améliorer les conditions de travail et à renforcer la motivation et le bien-être des salariés. A travers ces bénéfices, on comprend comment cette discipline est devenue un enjeu majeur de performance non seulement pour les travailleurs mais aussi pour l’entreprise.

D’autant que l’ergonomie n’est pas toujours synonyme d’investissement couteux. Surtout si les décisions pour améliorer les conditions de travail sont prises dès le début d’un projet. En revanche, les pertes sur le plan humain et financier peuvent s’avérer importantes si rien n’est mis en place. 

Alors qu’attendez-vous ?

Je vous remercie d’avoir lu cet article. J’attends vos commentaires avec impatience. N’hésitez pas à m’indiquer quel type d’actions envisagez-vous de mettre en place. Quels sont les arguments qui vous ont convaincu ? A l’inverse, quelles sont vos réticences à investir dans l’ergonomie ?

Je vous dis à bientôt pour un prochain article sur les thèmes de l’ergonomie 👋